14 July, 2008

la chair



Une bouche, une pine, un pilon de poulet, un parapluie, une bouche d’incendie —La vie n’est-elle pas une piètre farce bien atroce, d’un comique lamentable, imbroglio de scénarii grotesques, cruelles occurrences ?... et puis hors la banalité : l’excès : éveil tragique — beauté horrible, lumière létale, ivresse vertigineuse au-dessus du gouffre innommable, pourriture, asticots scintillants. Ainsi le cloaque sensitif ouvre sur l’immensité immonde : ivresse sans nom de ce qui se défait, s’affale et s’écoule en dessous.
Fécale éruption.
Il faut imaginer d’énormes charognes sanguinolentes surgissant lentement du ciel bleu.
La furie secrète, muette et anale éclate, solaire. L’azur est une immense putréfaction, la plus pure. Le bleu, déféquant sur des milliards d’yeux, les rince.
La vision renaît et s’allume sous la fiente cosmique. Impossible d’escamoter la Boucherie. L’abominable apparaît abominable, et l’ignoble ignoble, — et le beau, IMMONDE.
Dans la fureur, les hurlements, rages d’une joie atroce — le sang est ivresse. Des orgues d’une cathédrale jaillit et ruisselle une musique abyssale : cet excès de splendeur est comparable à l’immondice en ce qu’elle est excès, et à la chair d’une frêle jeune fille en ce qu’elle est excessivement douce.
L’éclat cru d’un gros sein blanc est une insulte à la prudence, un démenti de la raison, fond laiteux pour des rigoles de sang, orage de déflagrations hilares éclaboussant la gueule à ceux qui pensent à demain.


Extrait de Carnage sensitif